La Mediterranee cimetiere des illusions Euromediterranennes 

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dscn7836-copiaC’est en Grèce, sur les traces d’Homère, que Sébastien Boussois est le plus naturellement venu présenter son dernier livre intitulé « Homère réveille-toi ils sont devenus fous, le naufrage des relations euromediterranéennes »[1]. Avec le concours de Nikolo Vogiazides et sur l’invitation de Nikos Poutsiakas, président de l’association des sociologues de Larissa, au cadre des activités de la F.A.C.M (Fondation Assemblée des citoyens et citoyennes de la Méditerranée) avec d’autres partenaires, il s’est livré en une heure à un portrait sans concessions de 2000 ans d’histoire méditerranéenne comme le berceau de l’humanité mais aussi comme le berceau de son futur.

Le drame humanitaire que nous vivons avec les réfugiés du Moyen-Orient qui affluent par milliers chaque jour en Grèce, et par millions en Europe depuis 2011, n’est que le triste aboutissement de vingt ans de politisation de l’espace méditerranéen à travers le processus de Barcelone et l’Union pour la Méditerranée, qu’il considère comme morte-née. L’objectif de ces institutions était de donner à la mare nostrum un nouvel élan civilisationnel : circulation des personnes, des marchandises, échanges culturels, et dynamisation du tissu économique.

Au lieu de ça, la crise mondiale et les Printemps arabes ont radicalisé l’Europe qui prend peur et craint d’être une forteresse assiégée par des gens qui ont dû fuir, et pas de gaieté de cœur, leur pays dans des conditions de guerre tragiques. Aujourd’hui, si des pays arabes ont su accueillir par tradition les réfugiés d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie comme la Jordanie, le Liban, la Turquie, l’Egypte, en revanche les pays du Conseil de Coopération du Golfe ont fermé leurs portes. Représentant un eldorado, fantasmé selon l’intervenant, l’Europe renie une partie de ses responsabilités et de sa tradition de soutien aux droits humains les plus élémentaires.

La Grèce fournit un effort considérable de solidarité vu sa situation économique, alors que la France freine des quatre fers pour enfin accueillir un nombre suffisant de réfugiés syriens, dont elle aura besoin comme toute l’Europe par sa démographie, son dynamisme et sa richesse culturelle. Au lieu de ça, elle craint l’islam, le terrorisme, et l’importation de guerres qu’elle préférait lointaines, et pour lesquelles elle a certainement une part de responsabilité non négligeable. En attendant la Méditerranée continue de devenir un cimetière marin et les routes de l’Europe un chemin de croix.

[1] Erick Bonnier, Paris, 2016

Sébastien Boussois

Docteur en sciences politiques,, chercheur Moyen-Orient, consultant en stratégie politique et communication, collaborateur scientifique du REPI (Université Libre de Bruxelles) et de l’OMAN (UQAM Montréal).  Tél: 00 32 476 580 677

“L’art de la connaissance, c’est de savoir ce qui doit être ignoré.” Rumi. Nouveau livre: http://www.erickbonnier-editions.com/essais/hom%C3%A8re-r%C3%A9veille-toi-ils-sont-devenus-fous/

Site: www.sebastienboussois.fr

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