“L’Espagne face aux enjeux méditerranéens” édito de Vicent GARCÉS RAMÓN à EUROMED-IHEDN

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L’Espagne face aux enjeux méditerranéens édito de Vicent GARCÉS RAMÓN à EUROMED-IHEDN

03.03.2017

Après son entrée dans l’UE l’Espagne a demandé que la Méditerranée soit une priorité des politiques européennes, et elle a promu, en 1995, la Conférence de Barcelone au cours de laquelle le Processus de Barcelone est né. Avec la création de l’UPM en 2008 on est passé à une nouvelle étape dans laquelle l’Espagne a perdu une partie de son influence en Méditerranée, malgré le retrait des troupes espagnoles d’Irak en 2004 qui avait établi une très bonne image de l’Espagne dans le sud de la Méditerranée.

QUELQUES DONNÉES

La population de l’Espagne est d’environ 46 millions de personnes, dont à peu près 10% sont des étrangers. Sa superficie est de 500 000 km2. La religion dominante est la religion catholique romaine et il y a environ deux millions de musulmans.

MONARCHIE PARLEMENTAIRE.  MEMBRE DE L’OTAN ET DE L’UE

Depuis 1978, l’Espagne est une monarchie parlementaire, depuis que la Constitution démocratique actuelle a été adoptée. Le Roi est le chef de l’Etat. Il est également commandant en chef des forces armées et en tant que tel, le capitaine général des armées. En 2016, les forces armées espagnoles comptaient un total de 208.273 hommes, y compris le personnel administratif d’active et de réserve. Environ 20.000 civils travaillent aussi pour la Défense.

L’Occident a créé l’Etat islamiste terroriste autoproclamé propos recueiilis par econostrum.info en marge de la conférence organisée par l’association
L’Espagne a complètement intégré l’OTAN en 1999. L’un des deux centres d’opérations aériennes combinées avec la responsabilité de défense totale de l’air dans la région du sud de l’Europe a été créé à Torrejon de Ardoz. De plus, l’Espagne a permis à l’OTAN de bénéficier de deux implantations, l’une à bord du bâtiment “Castilla” basé à Rota, et l’autre à terre à Bétera, près de Valencia. D’autre part, la base militaire de Moron de la Frontera (Sevilla) qui était au départ une base provisoire est devenue permanente et devient le centre des opérations américaines pour l’Afrique. Cette base accueille depuis avril 2013 la “Special Crisis Terre-Air Response Corps Marine Force”. Sur cette base navale de Rota environ 8.000 américains travaillent. Elle fait partie du « bouclier antimissile » de l’OTAN. Depuis 1986, l’Espagne est membre de l’Union européenne et fait partie de la zone euro. Par contre elle ne fait pas partie de l’Assemblée Parlementaire de la Méditerrané (APM).

GOUVERNANCE ET ÉCONOMIE

L’état espagnol est divisé territorialement en régions : 17 Comunidades Autónomas et 2 villes autonomes (Ceuta et Melilla), 50 provinces et 8.000 municipalités. Son PIB est d’environ un milliard
d’euros. Sa dette extérieure a déjà atteint 100% du PIB. L’Espagne est le deuxième pays développé le plus endetté après les états-Unis. La population active est d’environ 18 millions de personnes. Le taux de chômage reste autour de 20% (et 40% pour les jeunes). Le revenu par habitant oscille autour de 23.000 €, environ 8.000 euros de moins que la moyenne européenne. La dépendance énergétique extérieure de l’Espagne est supérieure à la moyenne de celle l’UE. Le degré d’auto-approvisionnement en énergie primaire est d’environ 30%, ce qui signifie que, en Espagne, 70% de l’énergie primaire consommée est importée de l’étranger. Près de 100% du pétrole utilisé en Espagne est importé. Plus de 50% du gaz naturel importé vient d’Algérie. La grande crise économique qui a commencé dans les années 20072008 a engendré de nombreuses inégalités économiques et sociales entre les personnes et les territoires. On estime que, pendant les années de pointe de la crise (2008-2012), environ 700.000 personnes auraient quitté l’Espagne pour des raisons économiques (recherche de travail).

LA MÉDITERRANÉE

Le Méditerranée est une zone importante de la politique étrangère espagnole. Cet espace historique et humain représente une culture commune pour tous les peuples côtiers ; il doit être uni pour
lutter contre les défis communs ; c’est, de plus, une région privilégiée pour le dialogue avec les sociétés arabes. Après son entrée dans l’Union européenne l’Espagne a demandé que la Méditerranée soit une priorité des politiques européennes, et elle a organisé, en 1995, la Conférence de Barcelone au cours de laquelle le Processus de Barcelone est né. Avec la création de l’UPM en 2008 une nouvelle étape a été franchie, dans laquelle l’Espagne a perdu une partie de son influence en Méditerranée, malgré le retrait des troupes espagnoles d’Irak en 2004 qui avait établi une très bonne image de l’Espagne dans le sud de la Méditerranée. L’Alliance des civilisations, une initiative importante du président Zapatero, a été accueillie par l’ONU en 2007 et soutenue par un large éventail de gouvernements, en dépit de son profil bas et du peu de résultats concrets. Son 7è Forum mondial a eu lieu en avril 2016 à Bakou sur le thème : « Vivre ensemble dans des sociétés inclusives : un défi et un objectif.» Les relations entre l’Espagne et les cinq pays du Maghreb ont une grande importance géostratégique et économique. Le poids commercial de l’Espagne dans la zone dépasse même celle de la France, avec un volume de commerce total de 24.000 millions d’euros en 2015.

Le Maroc est une priorité absolue pour l’Espagne qui a soutenu le « statut avancé » dans ses relations avec l’UE. Les relations avec l’Algérie sont de nature essentiellement économique, principalement dans le domaine de l’énergie et sont, par intermittence, soulignées par la “neutralité active” de Madrid dans le conflit du Sahara occidental. L’Espagne a été impliquée dans les processus de paix au Moyen-Orient et dans d’autres conflits de la région. La Turquie occupe une place importante parmi les partenaires méditerranéens de l’Espagne et le gouvernement Zapatero était partisan de son adhésion à l’UE. Le bilan sur la rive sud et est de la Méditerranée, tant en termes de développement économique qu’en termes de sécurité, est très préoccupant. Les mesures prises jusqu’à présent par l’UE (Global Policy Méditerranée, l’Union pour la Méditerranée), ou par les états ont échoué et n’ont pu réduire ni la gravité des problèmes internes dans la plupart de ces pays, ni les écarts d’inégalité qui se produisent dans l’espace euro-méditerranéen. Il est nécessaire de créer les conditions pour encourager le développement et la sécurité des pays méditerranéens voisins, car cela aura une influence positive pour la poursuite du développement et pour une meilleure sécurité. La déstabilisation et l’insécurité croissante dans la région méditerranéenne a très nettement favorisé les comptes du tourisme espagnol qui représente plus de 12% du PIB. L’Espagne est déjà la deuxième destination touristique dans le monde. Cette année, environ 74 millions de touristes sont attendus.

DÉFIS

Dans ce cadre, la carte des partis du système politique espagnol est en train de changer. Les deux partis qui, au cours des dernières années, en alternance, ont gouverné l’Espagne ont perdu de leur influence. De nouveaux groupes politiques à droite et à gauche ont émergé, à la recherche de nouvelles alternatives. L’Espagne a été près de dix mois sans gouvernement après les dernières élections générales. L’articulation territoriale actuelle de l’Espagne est sous tension également, en particulier en Catalogne et au Pays Basque. Dans les deux communautés, les organisations politiques séparatistes ont obtenu un soutien électoral solide. Il est même prévu d’aller vers une Espagne fédérale. La monarchie est remise en question par de larges segments de la population. L’abdication du roi Juan Carlos Ier au profit de son fils Philippe VI, cherche à endiguer le phénomène. Pendant la transition de la dictature à la démocratie, le référendum sur le type de régime n’a pas été réalisé parce que la monarchie aurait perdu.

Ce référendum est en attente. L’émergence de la crise économique et sociale avec ses conséquences constituent l’événement central de la vie du pays et la priorité permanente de l’élaboration des politiques publiques. La nécessité d’une réforme majeure de la Constitution votée en 1978, après la longue dictature du général Franco, s’exprime fortement. L’Espagne est en pleine mutation. Le groupe des pays arabes méditerranéens qui comprend le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la Syrie, est l’un des piliers de la politique étrangère de l’Espagne, sur la base de la proximité géographique, les liens historiques et les échanges économiques, culturels et humains. Les questions palestinienne et sahraouie sont présentes dans l’agenda de la politique espagnole. La directive sur la défense nationale de l’Espagne de 2012, mentionne les risques d’un monde de plus en plus interconnecté dans lequel les groupes terroristes peuvent nuire à la paix sociale, la sécurité des citoyens et la stabilité politique. Pour l’Espagne, il est important de consolider un cadre sécurisé en Méditerranée, sans oublier l’importance de la stabilité au MoyenOrient et du Sahel, ainsi que le contrôle des trafics illicites originaires d’Amérique latine et du Golfe de Guinée.

Valencia, 05/12/2016

Vicent Garcès
Ancien député au Parlement européen, ancien membre de la délégation de l’UE pour les relations avec la péninsule arabique, ainsi que de la délégation pour les relations avec l’Iran. Fondateur du Groupe d’amitié UE-Maghreb. Président-fondateur de la Fondation ACM (Assemblée des citoyens et citoyennes de la Méditerrané).

Les Entretiens d’Euromed-IHEDN L’invité : Vicent Garcés

Le thème : «L’Espagne face aux enjeux méditerranéens»

 

Le prochain entretien aura lieu
à MARSEILLE à la Villa Méditerranée, le mardi 14 mars 2017
et à PARIS à l’Ecole militaire dans l’amphithéâtre SUFFREN le mercredi 15 mars 2017
 
 

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